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Concours n°1, novembre 2012
Trois mois qu’elle avait disparu. Il avait simplement voulu la sortir de ce monde auquel elle appartenait. Elle s’était refusée à le suivre. Il lui avait tendu la main, proposé son aide et elle lui avait craché au visage. Elle avait rassemblé le peu d’affaires qu’elle avait chez lui et s’était enfuie. Ce qu’elle n’avait pas dit à son amant, c’est que si elle partait, si elle s’enfuyait comme il lui proposait, si elle échappait à son contrôle, il finirait par la retrouver. Il finissait toujours par TOUTES les retrouver. Et il l’effrayait, il la terrorisait même, elle n’avait pas peur pour elle mais pour ceux qu’elle aimait. Elle savait de quoi il était capable alors elle préférait continuer à vivre en enfer et sauver celui qu’elle aimait, elle préférait ça à l’impliquer dans cette sombre histoire.
« - T’as ce qu’il me faut ? Pesta un vieux drogué qui semblait en manque. »
« - Le fric d’abord ! Cracha-t-elle sans même le regarder, se contentant de lui tendre la
paume de sa main. »
Le vieux lui glissa plusieurs billets chiffonnés. Elle vérifia que la somme était la bonne. Puis elle daigna lui tendre une enveloppe contenant les pilules si précieuses. L’homme se pressa de décacheter l’enveloppe et d’avaler deux comprimés, laissant s’échapper un râle de soulagement. Il commença à s’éloigner avant d’hurler un « Remerci Eukaya ». Oui, il pouvait se permettre d’hurler, de toute façon, personne n’osait venir dans ce quartier si mal fréquenté entre toxicos et putes, qui voudrait y venir ? Même la police avait fini par déserter cet endroit. Laissant tout loisir possible aux dealeurs et proxénètes. Toute personne respectable ne voulait y être vue. Edna sortit à son tour de la ruelle. Ses mains cachées dans les poches de sa veste en cuir, elle retroussa son nez derrière son écharpe. A vrai dire, les nuits se faisaient particulièrement fraîches dernièrement, mais ce n’était pas sûrement pas sa mini-jupe qui allait lui permettre de se réchauffer. « Aguichez-les », voilà ce que répétait constamment Eukaya à celles qu’il appelait ces filles. Qui est Eukaya ? Le grand patron, le chef du réseau. Edna ne faisait pas partie des prostituées qu’il possédait, elle n’était « que » dealeuse. Il l’avait recueilli quand elle était à la rue et elle s’était rapidement retrouvée
prisonnière de celui qu’elle croyait être son sauveur dans un premier temps. Edna était
charmante. C’est d’ailleurs probablement pour ça qu’il l’avait choisi. Cependant, il ne l’avait jamais obligé à faire le trottoir. Non, elle se contentait des transactions. Elle arpentait les rues. Les cernes, sous ces yeux noisettes, montraient la fatigue accumulée de ces nuits d’errances afin de contenter tous ces drogués. Mais elle montrait aussi la kétamine qu’elle pouvait ingurgitée elle aussi afin de tenir le coup. Elle aurait aimé ne pas tomber dans cet enfer qu’est la drogue mais pour tenir le coup, c’est l’unique solution qu’elle avait trouvé.
Elle arriva près des berges, la pluie glacée qui venait trouver les parties de son corps dénudées, la faisait frissonner. Elle décida d’accélérer le pas pour arriver plus rapidement au repère. Mais son sang se glaça à l’approche de cette marque sur le sol. Comment l’ignorer ? Un cadavre représenté à l’aide d’une bombe jaune, comment ne pas le voir ? Et comment oublier ce crime auquel elle avait assisté.. ? Elle voyait encore les yeux apeurés de son amie Nayana. Elle s’en voulait. Nayana n’avait pas plus de 20ans, arrivée du Ghana, elle était rapidement devenue l’une des prostituées du proxénète, elle n’avait pas eu le choix si elle
voulait survivre. Mais elle s’était rebellée, elle avait rencontré un garçon et cela n’avait pas plu du tout à Eukaya. Il avait envoyé un de ces gorilles, assassiné la demoiselle. Une balle en pleine tête. Elle avait assisté à la scène, impuissante, cachée dans un recoin. Elle avait réussi à retenir son cri de torpeur mais aussi celui de la jeune sœur de Nayana : Tanih. Un bruit sourd. Un corps qui flanche. Du sang partout. Cette vision d’horreur, elle ne l’oubliera jamais. Ni l’odeur de la mort d’ailleurs. Jamais elle ne vous quitte. Elle s’était fait la promesse de veiller sur la plus jeune, elle le devait à son amie. Tanih était une des raisons complémentaires pour lesquelles Edna ne voulait partir. Mais elle était persuadée que son bien-aimé ne comprendrait pas. Et si Eukaya apprenait l’existence de cette relation, non ce n’est pas à elle qu’il s’en prendrait, elle était bien trop importante pour lui, non c’est lui qu’il tuerait cette fois-ci. Elle le savait. Elle secoua la tête afin d’oublier ses tristes souvenirs qui venaient la hanter. Elle arriva enfin devant la bâtisse, des spots lumineux éclairaient la
façade, certaines lettres de l’enseigne, qui abritait le repère, ne fonctionnaient même plus. L’un des gorilles lui ouvrit la porte, elle ne lui jeta même pas un regard. Elle se débarrassa de son bonnet, ces longs cheveux bruns tombèrent sur ces épaules. Elle s’avança dans cette pièce qu’elle ne connaissait que trop bien. Elle poussa les deux grandes portes en bois massif et entra dans une pièce où l’odeur des sièges en cuir se mêlait parfaitement avec l’odeur corsée du whisky. Elle n’adressa même pas un regard aux personnes qui avaient sifflé son entrée, le regard noir du propriétaire les avaient vite obligé à cesser, ils avaient donc chacun reporté le regard sur la femme objet qui devait les substanter.
« - Tout s’est bien passé Ed ? »
« - Qu’est-ce ça peut te foutre... Tiens, ton fric. Je monte dans ma chambre déclara-t-elle. »
Edna était la seule à pouvoir parler de la sorte à Eukaya. Alors qu’elle était déjà en route pour regagner le seul endroit où elle pouvait être en paix, Eukaya la retint par le poignée.
« - Ed.. »
« - Quoi ? »« - Quelque chose ne va pas en ce moment ? »
« - Tout va très bien ! Je peux y aller maintenant… demanda-t-elle en se dégageant de l’emprise. »
Elle monta l’escalier, passant devant les portes verrouillées du pallier. Elle préférait ignorerles bruits qu’elle entendait, oui elle savait ce qui se tramait dans ces chambres et elle détestait la façon dont il utilisait toutes ces filles. Mais chacune d’elles n’était qu’une victime de plus. Toutes plus faibles et instables que les autres. Elle déverrouilla la porte qui donnait accès sa chambre. Elle déposa ces affaires sur la chaise et se mit à sourire en voyant que Tanih était déjà paisiblement endormie. Elle se débarrassa de ces affaires, enfilant un vieux jogging et un tee-shirt. Elle vint alors se blottir sous les draps. Elle attrapa son téléphone, éteint dans sa table de nuit. Elle ralluma le mobile. Un nouveau message. « A quoi ça sert la vie si on ne peut plus voir celle qu’on aime ? ». Encore et toujours le même message quotidien de son ancien amant. Les yeux d’Edna s’embuèrent rapidement, il lui manquait terriblement mais elle faisait ça pour son bien. Quelques larmes osèrent perler le long de ses joues creusées.
« - Il te manque ? demanda l’adolescente. »
« - Je t’ai réveillé, excuse-moi souffla-t-elle en essuyant de ces pouces les petites perles qui coulaient. Et je ne vois pas de quoi tu parles, tu devrais te rendormir proposa-t-elle en caressant les cheveux de la demoiselle.»
« - Je te parle de ton ancien petit-ami. Nayana m’en avait parlé. Pourquoi tu ne le vois plus ? »
« - Tu as bien vu ce qui s’est passé pour ta sœur. Je ne préfère pas prendre de risque. »
« - Tu sais, je ne pense pas que Nayana ait regretté d’avoir pris autant de risque avec Luke. Et elle t’aurait poussé à faire la même chose. Tu es jeune, tu ne peux pas rester toute ta vie au service d’Eukaya. »
« - Comment peut-on être aussi mûre et aussi jeune ? »
« - Va le retrouver. Nayana a toujours dit qu’on n’a pas le droit de refuser le bonheur quand il s’offre à nous. Ton monde est déjà bien assez triste sans que tu en rajoutes. Dépêches-toi de le retrouver avant qu’il ne t’échappe. »
Edna sourit et déposa ces lèvres sur le front de la benjamine. Elle avait raison, elle devait le retrouver. Elle enfila un sweat à capuche bien trop ample pour sa frêle carrure et ouvrit la fenêtre de sa chambre, qui donnait accès à un escalier de secours. Oui, elle ne pouvait pas prendre le risque de laisser un des serviteurs d’Eukaya la suivre. Alors qu’elle se glissait déjà dehors. Tanih l’interpella.
« - Il s’appelle comment ? »
« - Louis souria-t-elle avant de s’échapper. »
Malgré la fatigue, elle se pressa. Elle avait besoin de le retrouver. Le seul qui avait eu le courage d’essayer de la sortir de ce monde. Même si son premier but n’était pas celui-là. Louis était flic depuis à peu près 2ans, il avait été envoyé pour infiltrer ce trafic de drogues. Il s’était fait passer pour un client. Mais elle l’avait vu venir à des kilomètres à la ronde lorsqu’il s’était approché de Beny mais son air de minot l’avait comme soulagé. Alors elle s’était pressée vers lui et avait dit que c’était un de ses clients. Oui, elle lui avait sauvé la mise et probablement la vie aussi. La fragilité de la belle avait touché le jeune homme. Alors même si sa mission était un réel échec, il revenait dans le quartier, juste pour la voir. Puis il avait appris à la connaître, amis puis amour mais à force de trop vouloir l’aider, il l’avait perdu. Elle continuait d’accélérer le rythme. Besoin de revoir son visage d’ange et ses fossettes qui se dessinent avec aisance sur son visage. Elle toqua à la porte. Sa capuche cachait son visage. Il ouvrit la porte et fût surpris lorsqu’elle retira ce vêtement qui la masquait.
« - Qu’est-ce que tu fais là ? demanda-t-il tout en s’empressant de la prendre dans ses bras.»
« - Tu n’avais pas à me demander de partir avec toi la dernière fois. Je ne peux pas laisser Tanih. Elle est jeune, elle a perdu sa sœur. Je suis l’unique chose qu’il lui reste et tu le sais bien. Je ne peux pas me permettre de la laisser seule. Et puis je ne veux pas te mettre en danger. Tu n’imagines pas comme Eukaya est dangereux. Tu as beau être courageux Louis, t’es pas un super-héros avec des supers-pouvoirs capable de survivre aux balles. Tu sais, Eukaya ne reculera devant rien pour me garder. Et c’est ça que je crains, car tu réagis comme un chien fou dès que ça me concerne et tu serais capable de mettre ta vie en danger pour moi et ça je le refuse. »
« - Mais ensemble, on peut essayer de surmonter ça. On a qu’à emmener Tanih, elle sera plus en sécurité avec nous de toute façon. »
« - Tu crois sûrement qu’il va nous laisser partir comme ça sans rien dire ? Tu crois peut-être qu’il ne va pas remarquer notre absence ? »
« - Mais regardes dans l’état que tu es. Tu tiens à peine debout, tu crèves à petit feu pour lui. Et je dois fermer ma gueule ? Et bien excuse-moi d’en être incapable. Je ne le laisserai pas te détruire. Déjà que ça fait bien trop longtemps que t’a succombé à ces merdes d’hemphéta à cause de lui. Donc maintenant c’est fini. Je t’aime et je n’en ai rien à foutre que tu sois d’accord ou pas. Je prendrai le risque de crever pour toi rétorqua-t-il en la rapprochant à lui. Alors laisses-moi faire pour une fois. »
Il attrapa son visage afin de mieux plonger son regard dans le sien. Il le savait, elle était incapable de lui résister dans ces cas là, elle finit par s’effondrer, tapant de ses poings sur le torse musclé du brun.
« - T’as pas le droit de m’infliger ça ! »
« - Je t’inflige rien. Je veux juste que tu vives. Car avec lui, tu ne vis pas, tu survis. »
Il la serra contre lui, déposant un baiser appuyé sur le front de celle-ci. L’étreinte du jeune homme la réconfortait, ses sanglots se faisaient moindres. Alors ils étaient venus s’asseoir sur le canapé, elle, restant blottie contre lui alors que lui, la rassurait en caressant délicatement son dos. Ils restèrent comme ça deux heures durant. Non, ils n’avaient pas besoin de plus. Mais vers 4h15, elle se raidit. Elle devait rentrer avant qu’Eukaya ne se rende compte de son absence. Louis lui proposa de la ramener. Comme toujours, il l’a déposa à quelques pâtés de maison. Elle sortit de la voiture, il la retint par le poignet.
« - Et cette fois-ci, reviens-moi la supplia-t-il du regard. »
Elle se contenta de lui adresser un léger sourire avant de claquer la porte. Elle avança pour retourner dans ce lieu qu’elle détestait tant. Mais on la stoppa peu avant son arrivée, entraînée dans une ruelle sombre.
« - Je peux savoir d’où tu reviens comme ça ? questionna Eukaya. »
« - Je suis allée faire un tour, j’avais besoin d’air.. »
« - Et la porte d’entrée te faisait peur peut-être »
« - J’en ai marre de toujours devoir te rendre des comptes. Si je suis passée par l’escalier de secours, c’est que j’avais besoin d’être seule sans que personne ne soit là pour me suivre... Si tu vois ce que je veux dire. »
« - Arrête de faire ta gamine capricieuse. »
« - Ca fait un mois que tu envoies Timothy me suivre dès que je sors. Oui, car saches que niveau discrétion, il n’assure pas des masses. Je ne peux plus aller nulle part. Même un gamin de 3ans a plus de liberté que moi. Alors ouais, ce soir, je t’ai échappé et ça m’a fait du bien. »
« - Tu es à moi ! dit-il en l’en attrapant par le cou et la collant au mur, le regard noir de fureur. »
« - Il y’a bien longtemps que j’avais compris que j’étais ta chose. »
« - Arrêtes Edna ! Arrête de jouer à l’insolente.. »
« - Parce que qu’est-ce que tu vas me faire sinon ? Tu vas orchestrer ma mort comme tu l’as fais pour Nayana ? Cracha-t-elle. »
Elle venait de lâcher une bombe. Il n’était au courant de rien, mais ses prunelles noires trahirent la colère qui venait de l’envahir.
« - Je vois pas de quoi tu parles ! »
« - Tes yeux t’ont trahi Eukaya. »
« - Et alors ? Un temps soit-il que ce soit vrai. Tu crois sincèrement que les flics vont écouter une droguée comme toi ? Tu n’es rien Edna et tu ne seras jamais rien. Sans moi, tu serais déjà six pieds sous terre depuis longtemps. Et si tu envisages de partir, je ne donne vraiment pas cher de ta peau. Car tu es à moi et jamais je ne te rendrais ta liberté. »
« - Avec toi, ça a toujours été : Marche ou crève. »
« - Alors marche et ferme-là. »
Il jeta par terre Edna s’apprêtant même à lui donner un coup de pied dans les côtes quand celle-ci releva la tête. Il ne pouvait résister à ces prunelles noisettes. Il se contenta de libérer sa colère sur une poubelle, traînant non loin de là. Après qu’il soit parti, elle peina à se relever, son corps avait bien du mal à supporter son poids. Ses jambes flagellaient, elle essuya sa lèvre ensanglantée et se précipita afin de rentrer dans sa chambre. Elle y pénétra dans un fracas monumental, mais elle se calma rapidement quand elle vit Tanih en parfaite santé dans la chambre. Oui, elle savait qu’Eukaya était capable de s’en prendre à elle. Tanih se leva précipitamment, inquiète à la vue de celle qui la protégeait.
« - Qu’est-ce qui s’est passée ? demanda-t-elle. »
« - Chuuut dit-elle en posant son index sur ces lèvres en l’obligeant à s’assoir sur le lit alors que celle-ci s’agenouillait. Ecoute-moi chuchota-t-elle. Eukaya se doute de quelque chose, j’ai avoué que j’étais au courant pour ce qu’il avait fait à ta sœur. Il ne va pas tarder à trouver un moyen de pression pour que je me taise. Il va nous surveiller h24. Si on veut s’enfuir, il faut le faire demain. Alors pour demain, il faut que tu prépares un sac de survie. Je sais que c’est dangereux, mais fais-moi confiance, Louis nous aidera. »
La plus jeune ne répondit rien, elle se contenta de prendre son aînée dans ses bras et lui soufflait « J’ai toujours eu confiance. ». Mais la benjamine restait inquiète, elle finit par s’endormir par les caresses d’Edna. La brune attrapa son téléphone et prévint alors Louis: « Demain ou jamais. E se doute déjà de quelque chose, il m’a coincé quand tu m’as ramené. ». Elle n’attendit même pas de réponse, elle savait qu’elle serait positive. Elle se laissa aller, s’endormant à son tour. Elle devait se reposer et paraître totalement impassible le lendemain. Elles se réveillèrent au petit matin. Edna s’habilla comme à son habitude, se préparant à aller remettre tous ces petits colis. Eukaya l’attendait au bas de l’escalier.
« - Tiens voilà ce que tu as à remettre. Les adresses sont au dos de chaque enveloppe. Elle lui arracha des mains. Ne me tiens pas rigueur de ce qu’il s’est passé hier Ed’, si j’ai fais ça c’est pour toi. »
Elle se mordit l’intérieur de la joue afin de ne pas répondre. Oui car si elle répondait, elle risquait une fois de plus de se mettre en danger ainsi que Tanih. Elle vadrouilla toute la journée, remettant les doses aux toxicos, faisant les allers-retours avec l’argent. Elle était un peu comme une bourrique. Elle finit par rentrer, exténuée de sa journée. Tanih était prête, elle avait préparé le nécessaire pour s’enfuir. La belle brune alluma son téléphone. « 02h15 au coin de la rue. » Elle soupira, une fois de plus, elle avait peur mais elle devait garder ces craintes pour elle. Alors elle prit la plus grande inspiration qu’elle pût afin de s’encourager en murmurant : « Il est temps de vivre. ». L’heure fatidique arriva. Un sac bandoulière qui contenait toute sa vie, posée sur l’épaule, elle pressa la main de la plus jeune et planta son regard dans le sien.
« - Maintenant, il va falloir être courageuse Tanih ! Tu feras tout ce que je te dirai sans aucune question ni aucun refus. Fais attention à tout ce qu’il se passe autour de nous mais surtout de toi. Si je te dis de courir, cours et ne te retournes pas. Tu m’as bien compris ? »
« - D’accord Ed. Mais fais attention. »
Elle ne répondit rien, se contentant simplement d’entremêler ses doigts aux siens. Edna finit par lâcher prise afin d’ouvrir la fenêtre. Elles devaient se faire les plus discrètes possibles, ce qui était relativement compliqué vu le bruit que faisait l’escalier de secours à chaque fois qu’elles se déplaçaient dessus. Edna vérifia derrière elle mais aussi le coin de la rue : Personne. Elle entraîna alors avec elle Tanih dans une course effrénée afin de retrouver son amant. « Cours » disait-elle encore et encore. Un pressentiment probablement. Elle avait probablement cru pouvoir berner Eukaya une fois de plus. Il n’avait pas envoyé de gorilles, cette fois-ci, c’est lui qui réglerait cette histoire. Elle aperçut enfin la voiture de Louis, elle fit entrer Tanih et avant d’y pénétrer à son tour, elle regarda avec attention la voiture un peu plus loin, une mustang noire. Elle écarquilla les yeux.
« - Roule dit-elle en claquant la porte. »
« - Qu’est-ce qu’il y a ? »
« - J’ai déjà vu cette voiture. Je suis sûre qu’elle lui appartient. Alors démarre. »
Elle ne s’était pas trompée, c’était lui dans la voiture. Une folle course poursuite commença.
La panique se lisait sur le visage d’Edna.
« - Accélère hurla-t-elle »
« - Si, j’accélère, on risque de mourir. »
« - Si tu ne prends pas le risque et qu’il nous rattrape : il est évident que nous allons mourir.
Il ne nous laissera pas lui échapper. »
« - Tu t’es crue dans un film ou quoi ? Au bout d’un moment, il faudra bien s’arrêter. »
« - Pour l’instant, roule ordonna-t-elle. Tourne. »
« - Mais je ne sais même pas où ça mène.. »
« - On s’en fout, il faut le semer. »
Il avait tourné, obéissant à ces ordres, mais il aurait dû écouter son instinct.
« - Un cul de sac ! Putain qu’est-ce qu’on fait maintenant pesta-t-il »
« - J’en sais rien.. »
« - J’ai peur Edna.. »
Edna se retourna et devant la mine effrayée de la benjamine. Elle retira le verrou de sa portière, lançant un dernier sourire comme un adieu à celle qu’elle protégeait. Louis attrapa son poignet.
« - Tu comptes faire quoi là ? »
« - L’affronter. »
Elle sortit de la voiture. Il était déjà debout dans la ruelle, un pistolet dans la main droite.
« - Qu’est-ce que tu as fais Edna ? T’as tout gâché.. Je ne pensais pas que tu étais aussi sotte que toutes ces idiotes. Je te pensais bien plus intelligente que ça. »
« - Car ce serait intelligent de sa part de rester avec un mec qui est en train de la tuer ? demanda Louis en sortant de la voiture venant à côté d’Edna. »
« - Alors c’est pour lui que tu pars ? »
« - C’est surtout pour moi.. »
« - Mais il est en une des causes. »
« - Laisses-le en dehors de ça. »
« - Lâche cette arme Eukaya lança le châtain. »
« - Tu te prends pour qui pour me parler ? »
« - Pour un flic qui a lui aussi une arme annonça-t-il »
A regarder la scène, on se serait cru dans un de ces vieux westerns où on se bat pour la demoiselle en détresse. Sauf que là, le décor était tout autre.
« - Un flic ? Et tu crois que c’est ce qui va me faire peur ? »
« - Je ne prétends pas te faire peur. Je veux juste que tu foutes la paix à Edna. »
« - Elle est ma meilleure vendeuse, je vais pas la laisser m’échapper comme ça. »
« - Et bien pourtant il va falloir dit-il en s’avançant d’un pas. »
« - Louis s’il te plaît le supplia-t-elle. »
Louis avait détourné le regard vers la douce voix de celle qu’il aimait. Une minute d’inattention. Il n’en avait fallu qu’une pour qu’Eukaya ose tirer. Edna qui ne l’avait pas lâché du regard. Le bruit du canon. Elle avait poussé Louis. Un tir. Une balle. Un corps qui perd toute sa résistance. Elle s’effondra sur le sol alors que Louis venait à son tour de tirer. Une balle en plein cœur pour Eukaya qui n’eût même le temps de réaliser que c’était la fin. Louis se précipita par terre, elle était tremblante, une balle dans le thorax. Elle perdait bien trop de sang. Louis retira son pull, créant un semblant de garrot pour stopper l’hémorragie. Il vint alors s’assoir à ses côtés en pleurs, posant la tête de la demoiselle sur ces genoux.
« - Je suis désolée que ça se finisse comme ça soupira-t-elle avec un léger sourire aux lèvres afin de rassurer son bien aimé. »
« - Ca ne va pas se terminer, les secours vont arriver, Tanih va les appeler. Il faut que tu te battes jusqu’à ce qu’il arrive s’il te plaît Ed la suppliait-il alors que ces larmes ne cessaient de perler. »
« - J’ai plus la force Louis. Je suis faible. J’ai envie de dormir. »
« - Je t’interdis de fermer les yeux, je te l’interdis, tu m’entends s’énerva-t-il alors qu’il continuait de pleurer. Pourquoi tu m’as poussé ? Pourquoi tu as pris cette balle, elle m’était destinée. Si j’avais su que ce serait toi qui sacrifierais ta vie pour la mienne, je t’aurai empêché de le faire. »
« - Tu crois au destin Louis ? »
« - J’y crois pas, c’est que des conneries. »
« - Je ne pense pas. Je crois que mon destin à moi, c’était de te sauver. J’ai accompli ma mission, laisse-moi partir maintenant. »
« - Et Tanih, tu as pensé à elle ? Comment elle va faire sans toi ? »
« - Eukaya est mort soupira-t-elle. Tu pourrais l’aider à se reconstruire toi. Aide-la à reprendre ses études, cette gamine est un génie. Louis, fais-moi la promesse de veiller sur elle. »
« - Non, je te ferai pas cette promesse. Car tu ne vas pas mourir, tu m’entends !
« - Louis, il ne me reste que quelques minutes ou quelques secondes, je le sens alors écoute moi l’implora-t-elle alors que sa voix faiblissait à chaque seconde qui passait. Je sais que je suis en train de vivre mes derniers instants mais tu vois, je suis heureuse car je sais que la dernière chose que je verrai, c’est ton visage. Et je pense que je ne peux pas avoir une meilleure mort que de mourir dans tes bras. Alors promets-moi d’être heureux. Car tu le mérites plus que quiconque. Ne t’en veux pas, vis ta vie à mille à l’heure. Réalise chacun de tes rêves. Mais n’oublies pas une chose : je t’ai sauvé aujourd’hui, mais c’est toi qui m’as sauvé, il y a des mois. Alors Merci à toi. »
« - Arrête de me parler comme si tu me faisais tes adieux. »
« - Je suis bien là, Louis. Je ne souffre pas, du moins je ne souffre plus. Alors cesse de pleurer. Je serai à jamais avec toi, souris moi une dernière fois mon Ange. S’il te plaît. »
Louis se força à sourire afin d’accéder à sa requête. Elle offrit son plus beau sourire au brun, avant de lui céder son dernier soupir. Il poussa un cri strident, un cri que Tanih n’oubliera jamais. Un cri de désarroi, de tristesse, d’injustice, d’horreur. Il venait de perdre celle pour qui il se battait depuis des mois. Ce qu’on se rappellera d’Edna sont les dernières phrases que Louis a prononcé d’elle à son enterrement.
« - J’aurai aimé vous dire qu’elle n’était pas morte pour rien, qu’elle avait eu un impact sur nos vies, sur vos vies mais non. Elle a vécu et survécu à des choses bien plus graves que la plupart des hommes dont nos rues portent le nom. Elle a été bien plus courageuse que nous ne le serons jusqu’à la fin de nos vies. Edna était un exemple de courage. Et ce qui m’énerve, c’est que les vrais héros de la vie, on les oublie. Alors si vous connaissiez Edna, s’il vous plaît, le jour où vous sentirez une petite brise vous chatouillez le visage, pensez à elle, car c’est elle qui vous dit Bonjour. Elle n’aurait jamais eu la prétention de dire qu’elle vous resterait inoubliable mais elle aurait été ravie de savoir qu’elle avait, à un moment donné, marqué vos vies. Alors je vous remercie d’être venus, je vous remercie pour elle. Maintenant envoles toi Ed.. Bon vol mon Ange, tu as enfin ta liberté soupira-t-il avant de laisser une larme lui échappait »
One Shot écrit par Lucie.
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